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Je vous souhaite des rêves à n'en plus finir et l'envie furieuse d'en réaliser quelques uns

Jacques BREL

Atelier du 10 février 2017

 

Des mots composés  farfelus!

Chacun en donne la définition

BOITE A COUR

- Carré dans lequel s'insert le lieu où se passent plusieurs jeux dans les cours d'école de notre enfance

- Endroit où les hommes peuvent conter fleurette à de gentes dames

- Boîtes de tailles différentes servant à ranger les animaux de basse-cour pour les transporter

- Nécessaire que les hommes emmènent avec eux pour faire des avances aux femmes. Dedans: plumes colorées, roucoulements dans la voix etc...

- Récipient de récréation

- Endroit où ranger tous les messages de drague reçus

 

HALL-OUTILS

- Outils multifonctions à n'utiliser que dans une entrée

- Espace de passage pour les bricoleurs

- Les ustensiles sont le vestibule prêts à être caresser

- Grand entrepôt pour bricolos patentés

- Au Salon de l'Agriculture, hall présentant les nouvelles inventions de l'année en matière d'outils agricoles

- Grand espace où ranger tous les outils nécessaires à la vie: amour, amitié, beauté, soleil

 

CHIFFON A GOUTTES

- Genre de bavoir pour essuyer les gouttes sur le menton du prêtre, après qu'il ait dit "Ceci est mon sang"

- Morceau de tissu qui éponge la pluie

- Le chiffon me caresse quand la pluie arrive et m'efface de lui même

- Genre de tissu qui permet exclusivement de faire la chasse à la pluie

- Autre nom du torchon enroulé autour de la bouteille de vin, placé là pour récupérer les gouttes qui coulent

- Genre de grand mouchoir pouvant essuyer les gouttes de pleurs ou les gouttes de la bouteille bue pendant le moment des pleurs

 

PORTE-CŒUR

- Soutien gorge très solide. Quand on a un gros chagrin, on a le cœur lourd et il faut bien le porter...

- Chaine fine d'argent à laquelle sont accrochés autant de petits cœurs que d'amoureux éconduits

- Amulette réconfortante que l'on garde sur soi

- Les battements s'ouvrent sur les ailes du ciel

- Personne de ressource permettant d'alléger d'éventuelles peines de cœur

- Poche extérieure où déposer son cœur pour lui éviter la souffrance

 

ESSUIE- GUEULE

- Tissu servant à nettoyer la gueule, mais pouvant aussi servir à la fermer

- Genre de sopalin pour nettoyer des bouches sales

- On appelle "gueule noire" les mineurs. En remontant de la mine des serviettes humides les attendent pour enlever le plus gros.

- Sopalin grossier et rêche qui irrite la figure

- Gant magique pour se nettoyer le visage.

- Le torchon nous frotte la frimousse ou les grands cris que l'on peut émettre

 

DEMI- MAINS

- Comme nous pouvons parler à demi-mots pour nous faire comprendre, à demi-mains est une manière de taper sur l'autre de façon édulcorée

- Gants ne couvrant pas les doigts, souvent en dentelle

- A demain, mais pas tout à fait avoué; chuchoté à demi-mots

- Une main qui n'est pas complète!

- On a toujours à faire aux nains de jardin, donc demi proportions

- Objet bien utile à ceux qui sont hypocrites et n'embrassent qu'à moitié

 

 

 

 

D'après la chanson de Barbara « la Solitude »

 

Je veux encore rêver d’océans inaccessibles

Je veux me saouler de brises insoumises

Je veux naviguer, libre, sans méprise,

A tout va, à tous vents,

Avant que ne m’engloutisse la vague des tourments.

Et jusqu’à des contrées incertaines,

Je veux encore être mienne

Et vouloir, sans me noyer, goûter au sel des possibles.

P

 

Je veux encore danser au gré des vents

Je veux sentir la chaleur de tes mains sur mon corps

Je veux m'en aller avec tes rafales

A contre-courants de tous les vents

Avant que les vents ne s'épuisent

Et jusqu'au bout du monde

Je veux encore m'enrouler autour de toi

Et pouvoir t'enlacer pour sentir ta force

Muriel

 

Je veux encore croquer la vie

Je veux me rouler dans le sable

Je veux courir dans le vent

A perdre haleine, à perdre l'air

Avant que viennent les sombres nuages

Et jusqu'à la fin de ma vie

Je veux encore sentir le monde

Et vouloir vivre en émotions.

H

 

Je veux encore assister à de beaux couchers de soleil

Je veux rester présente à moi-même et aux autres

Je veux encore pouvoir hurler ma vérité

A court de voix, à court de souffle

Avant que le rideau ne tombe sur tous mes instants

Et jusqu'à l'horizon pouvoir aller debout et droite

Je veux encore affirmer mes passions, mes coups de cœur

Et vouloir m'imposer à cette vie qui coule.

P

 

Je veux encore rêver la nuit

Je veux me glisser dans ses bras

Je veux me prom'ner dans la nuit

A pas dansés, à pas dansant,

Avant que vienne le froid

Et jusqu'à la fin de la fête

Je veux encore pleurer de joie

Et vouloir être son amulette

Yvelyne

 

Je veux encore voir des pays chauds

Je veux sentir le sable caresser mes pieds.

Je veux que les vagues jouent sur mes os

A pleine vie, à pleine joie.

Avant que le soir vienne

Et jusqu'à la dernière lueur

Je veux encore hurler de rire

Et vouloir courir sans m'arrêter.

 

  Marie

 

 

Ecrire la suite du début du roman d'Elena Ferrante "L'amie prodigieuse"

avec pour contrainte supplémentaire  3 photos à intégrer: une personne, un objet et un lieu

 

 

 Ce matin Rino m’a téléphoné, j’ai cru qu’il voulait encore de l’argent et me suis préparée à le lui refuser. Mais le motif de son appel était tout autre…

« J’ai un service à te demander : Voilà. J’ai rencontré une femme, il y a quelques années, Anna. Une rencontre puissante, magique, éphémère, trois jours hors du temps.

Trois jours de pur bonheur

Trois jours où l’écume de la vie nous a éclaboussés, violemment

Trois jours qui se suspendent à ma mémoire

Trois jours qui me blessent

Trois jours qui m’envahissent

Trois jours de survie

Trois jours  entre ciel et terre

Trois jours que je pleure à tant avoir ri.

Anna s’est envolée au matin du troisième jour. Jamais réapparue, elle reste comme une empreinte à l’encre de Chine... Alors toi qui aimes lire, toi qui sais écrire, prends ta plus belle plume et trace sur les falaises de notre histoire les mots qui la feront revenir. Je reste au creux de mon rocher, je l’attends à la lisière de l’écume.

Merci mon amie, je compte sur toi, j’espère en toi, rends la moi. »

Pascale

Ce matin Rino m’a téléphoné, j’ai cru qu’il voulait encore de l’argent et me suis préparée à le lui refuser. Mais le motif de son appel était tout autre…

Je n'ai pas eu de ses nouvelles depuis deux ans au moins. Mon frère est un original,  toujours à vagabonder à travers le monde, travaillant la plupart du temps pour des ONG peu rémunératrices.

C'est pas le genre à s'installer confortablement dans un bon fauteuil design.

Rino a 5 enfants de 4 femmes différentes et autant de mariages et surtout autant de pensions alimentaires, d'où son statut de fauché permanent.

Chez nous, on les appelle la famille Benetton. Il aime l'exotisme, mon frangin!

Je le savais en Ethiopie depuis quelques temps déjà. Il aide les habitants d'un petit village à construire des puits.

Mais là, son problème est d'un tout autre ordre:

La rivière qui se prélasse habituellement nonchalamment près de sa petite maison bretonne a débordé après les pluies torrentielles qui se sont abattues sur la Bretagne la semaine dernière.

Rino tient à sa maison comme à la prunelle de ses yeux. C'est son seul ancrage, ses uniques racines de baroudeur.

Un voisin vient de lui envoyer une photo prise avec son téléphone portable et on voit clairement  la maisonnette telle une île, entourée d'eau.

Je dois reconnaitre que le spectacle est assez étonnant et ne manque pas de charme. Ma réflexion ne fait pas rire Rino.

Le but de son coup de fil est tout simple. Il me demande d'aller sur place afin de sauvegarder ce qui est "sauvegardable" de sa maison.

Comme si je n'avais que ça à faire!

Finalement, j'aurais préféré qu'il me tape de cent euros.

Hélène

 

      Ce matin Rino m'a téléphoné, j'ai cru qu'il voulait encore de l'argent et me suis préparée à le lui refuser. Mais le motif de son appel était tout autre.....

       Il avait un grand projet : créer un festival qui unirait musique, sport, gastronomie et village typique. Il voulait connaître mon sentiment sur cet évènement

      Tout de suite je fus enthousiaste et le lui dis.

" Ce sera très facile pour toi. Tu habites dans un merveilleux village typique au-dessus de l'Ardèche. Rivière qui est parcourue continuellement par des canoës ou kayaks. Voilà pour le côté sportif.

      En ce qui concerne la musique, dans ta magnifique maison, au milieu de ton salon trône un piano à queue qui pourra recevoir nombre de concertistes. Et pour le côté gastronomie, Marie-Charlotte  ton épouse adore cueillir des blettes, poireaux, carottes...dans son potager entretenu par le jardinier, pour ensuite les porter à la cuisinière qui les accommode toujours "façon grand chef ".

- Ah! mais non, pas du tout me dit-il !

      La seule bonne proposition que tu as c'est pour le village pittoresque où j'habite.

      Mais pour le sport, en fait à la place du canoë, il faudra faire de l'escalade, de la varappe et descendre en rappel le piano à queue au bord de la rivière. Là effectivement, pourront jouer tous les musiciens amateurs ou professionnels au clair de lune.

      Et pour la gastronomie, il s'agira de goûter aux légumes, viandes, fruits du pays grillés au feu de bois sur le rivage...

Voilà pour moi ce que devra être ce festival!!

         Je suis restée sans voix, muette,  mais encore plus longtemps que lorsqu'il me téléphone pour m'emprunter de l'argent.........Et j'ai raccroché....

      M

 

 

Ce matin Rino m’a téléphoné, j’ai cru qu’il voulait encore de l’argent et me suis préparée à le lui refuser. Mais le motif de son appel était tout autre…

Il venait d'acquérir une statuette africaine très spéciale et pour des raisons qui m'apparaissaient obscures souhaitait que je la lui garde pendant quelques temps.

Il me donne rendez-vous à Bondy, près du mur tagué de la cité "Batman"; un endroit où je n'avais jamais mis les pieds et qui ne me semblait pas très engageant.

Lorsqu'il m'eut confié l'objet d'art, il partit en courant et me planta là sans plus d'explication.

Perplexe, je me dirigeais vers le bus quand je sentis le contact froid d'un objet métallique dans mon cou. Un homme pressait un pistolet contre moi en me sommant de lui donner la statuette.

Je résistai et le semai en grimpant dans le premier bus.

De retour chez moi, je contemplais cette femme de bois au ventre arrondi. Ma main était irrésistiblement attirée par cette forme. A peine l'eus je caressée que l'abdomen s'ouvrit et révéla son secret. Là, dans un écrin de velours rayonnait un diamant si merveilleux qu'il reflétait la lumière en 1000 éclats.

J'avais peur. Si cet homme m'avait suivie d'autres viendraient? J'étais en danger.

Je saisis le diamant et l'avalais, puis me débarrassais de la statuette en la brulant. Ensuite, je pris la décision de changer de vie.

J'irai quelques temps me mettre au vert, mais avant tout, il me fallait changer de tête. J'entrepris donc un maquillage me rendant méconnaissable puis partis prendre le train.

Depuis je vis cachée mais riche! Enfin, riche du ventre , car c'est moi maintenant qui cache le diamant dans mon ventre!

Y

 

Ce matin Rino m’a téléphoné, j’ai cru qu’il voulait encore de l’argent et me suis préparée à le lui refuser. Mais le motif de son appel était tout autre…

IL voulait partir en promenade avec sa fiat 500 décapotable, pour me présenter son nouvel achat ou joujou. La voiture tanguait dans les virages et cheveux au vent, au son des grincements de pneu, nous arrivâmes sur une colline avec vue sur le monastère et ses toits en forme de flèches, qui nous invitent à la prière.

Autour, la vigne s'échappe des fils de fer pour vagabonder à son aise et se tortiller  en  nous montrant ses bourgeons. Elle nous invite à la suivre pour ressentir la fraicheur de la terre.

Nous sentons nos pieds se dérober sous cette terre molle et mousseuse pour nous entrainer vers une terre plus aride.

Le hasard nous entraina vers une montée pour communiquer avec le ciel et entendre ses voies et ses souffles de joie et d'amour.

Muriel

Ce matin Rino m’a téléphoné, j’ai cru qu’il voulait encore de l’argent et me suis préparée à le lui refuser. Mais le motif de son appel était tout autre…

Le motif de l'appel de Rino était tout autre. Il voulait m'annoncer le chaos, l'indicible, l'inaudible. La région de mon enfance était dévastée par un séisme.

Combien de morts? lui dis-je. Que devenaient les familles? Où étaient les enfants?

Qui s'en était sorti? Qui n'avait pas eu le temps?

J'étais au téléphone face à mon miroir et à cette annonce violente, je me surpris à regarder derrière moi pour retrouver les joies de mon enfance, les jeux, les copains.

J'avais en mémoire nos moments entre enfants, jouant sur des chantiers, à l'affût des adultes risquant de nous gronder?

Mon village n'était plus que ruines. Dans mon souvenir, me reviennent mes gouters d'enfance, ces pêches tout juste cueillies et préparées dans leur propre jus. Même cela n'avait plus de saveur, un goût de pierre s'imposa dans ma bouche. Il n'y avait que les souvenirs intactes que je voulais préserver.

Pour combien de temps? Tout avait été rasé. Que de gâchis en un temps si court! Pourvu que ma mémoire persiste et me rappelle ces beaux moments d'enfants.

P

 

 

 

 

 

 

 

Atelier du 12 décembre 2017

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un petit tour dans le centre ville de Valence...

Quels sont les sons  captés au cours de cette balade?

 

Place "Porte Neuve", les clochettes du bus me font penser à Noël :

" Entends-tu les clochettes tintinnabuler" !!

Une voiture klaxonne, accompagnée d'un camion dans la rue Ferdinand Marie. Peut-être une livraison pour un bar ou resto de la Place de l'Université,

"Dépêchez-vous de m'installer les tables, ce ne sont pas les clients qui vont le faire!!"

C'est plus calme Place de la Pierre...Un peu de vent dans les branches,

le bruit des feuilles de platanes....

Rue Saint James, musique très forte, très rythmée sortie  d'un appartement ?

Tout à coup du BACH !! l'Orgue du temple ?

Une odeur de pain et de viennoiserie envahit le haut de la Grand Rue.

Il fait plus froid et plus sombre à droite dans le début de la rue Madier Montjau. Derrière le théâtre, léger bruit d'eau et de glissement de la nettoyeuse de rue.

On tire les chaises, les tables, ça grince...

De nouveau la zone de restauration.

Rue Saunières les fleurs ne font pas de bruit mais éblouissent les yeux!!

De nouveau les clochettes de Bus, les klaxons et bruits de moteur des voitures..

       M

 

Une balade ouïe !

 

            Place des Ormeaux, un moteur diesel qui tourne au ralenti m'insupporte. Pourquoi rester planté là sans couper le contact ?

            Place des clercs : « Salut Manu, tu vas bien ? Viens boire un café ».

            Rue petite neuve, je reconnais les gymnopédies de Satie. Je lève le nez. Ca vient de cette fenêtre ouverte.

            Rue Briffaut, des talons claquent derrière moi et me dépassent, pressés.

            Rue du théâtre, une rumeur de cris d'enfants.

Tiens, c'est l'heure de la récré !?

            Grande rue, ça renifle, ça halète, ça s'arrête, ça cliquette sur le pavé, puis ça court plus loin renifler une autre odeur au pied d'un autre réverbère.

            Place ru temple : « Oui, oui, moi aussi, bon j'te dis ce soir, ouais t'inquiète pas j'y penserai », dit-il, étrange personnage qui parle seul dans la rue équipé de son kit mains libres.

            Rue des balais, ça grince, ça frotte, ce caddy qui déroule sa course.

            Place de la pierre, ah c'est mon portable ça ! Allo.

            Rue Percherie, rourourou roucoule le pigeon. Pourvu qu'il ne lâche pas sa fiente à mon passage.

            Rue Championnet, un caprice, une frustration, un désespoir ? Cet enfant fait sortir sa rage et sa détresse dans des pleurs, des cris et des reniflements.

            Rue de la cathédrale, enfin du calme,

juste le chant de quelques oiseaux au loin.

                                                                           Y


 Balade (sonore) dans un quartier de Valence

        Devant la préfecture, ce jour-là, il y avait une manif annoncée, du moins c'est ce que j'ai présumé en voyant devant la grille moult barrières et C.R.S. -au sourire toujours aussi gracieux- interdisant l'accès au bâtiment.
« Mais par où peut-on entrer ? » s'inquiète un petit homme, en brandissant devant lui un dossier de carte grise crissant dans sa main.
« Vous ne pouvez pas, Monsieur, on attend des manifestants ! »
« Et comment je fais pour déposer mon dossier ? Je viens de Grignan ! »
« Mais que voulez-vous que j'y fasse ? répond agacé, l'homme en uniforme, qui ne semble pas avoir plus de matière grise que la pauvre carte espérée du passant déçu.
        Je continue mon chemin en empruntant la rue Lacroix qui mène vers la belle place St Jean où le clocher de l'église salue mon passage d'un joyeux « ding-dingue-dong ».
        Je traverse les halles où j'imagine dans des temps plus anciens les marchands vanter leur marchandise en criant « Goûtez donc, M'sieur Dame, ces belles fraises » « ces œufs sont tous frais, Madame, vous en prendrez bien quelques uns ? » … « j'aimerai toujours le temps des cerises » la la la la la..... !
        Un peu plus loin, je jette un œil à la façade de la maison mauresque, immeuble atypique de Valence. ...d'une fenêtre s'envolent à l'air libre des notes de piano...je reconnais le Concerto n° 23 de Mozart et mon esprit s'évade sereinement vers lui. En face, le café associatif « Le Cause Toujours » est ...muet...tiens ? Mais il me semble entendre encore des relents d'accordéon diatonique et de violon du bal trad d'hier soir.
        Je repars en direction de la Médiathèque...mince, nous sommes lundi c'est fermé ! Pourtant derrière la vitre,  de toutes parts, des voix résonnent en croisant leurs mots...serait-ce les écrivains, poètes, chansonniers qui profiteraient du vide des salles pour déclamer leurs « nouvelles créations » ?             J'imagine en souriant les échos d'une rencontre entre Rimbaud, Sartre, Proust, Giono, Claudel, Hugo...un joyeux méli-mélo !
        Avant de repartir vers la préfecture, je longe le Théâtre Bel Image où je ralentis le pas et tends l'oreille.... j'ai cru entendre la voix enchanteresse du beau Gérard Philipe....serait-il à présent devenu l'ange-gardien de tous nos théâtres ?....


 

 

 

Place des clercs : « Elle est belle ma scarole ! Elle est belle ! Madame, vous ne trouverez pas plus vert ! »

J'entends un brouhaha indescriptible , des voix de toutes sortes, graves, aigües, elles se chevauchent,

cela me porte.

Rue Bonaparte : un chien aboie, cela résonne dans la rue au point de ne pas deviner d'où vient le son.

Cela contraste avec le calme apparent de la rue. Il fait froid, je hâte le pas vers la Grand Rue.

Du monde circule et regarde les vitrines : « Regarde, chéri, c'est ce dont je te parlais l'autre fois, tu

sais le bracelet Swarovski, et ben, c'est celui-ci, t'en penses quoi ? Oh, oh, c'est le prix qui te rend muet ? »

Je les dépasse, amusée.

Je me dirige vers la halle St Jean. Elle est entourée de restaurants. Un couple attire mon attention : 

"Puisque je te dis que je l'ai pas vue cette nana !

Elle : c'est pour ça que ton œil frétillait ? Avoue !

Lui: Mais puisque je te dis que je ne la voyais pas, je regardais au-delà !

Elle : à d'autres !!!

Je continue rue Madier Montjau, ça circule dans tous les sens.

A la terrasse d'un café :

 "Hein, Simon, dis moi, hein que je suis le meilleur ? Arrête Olivier, je crois que tu as assez bu, je te

rentre ! "

Je me dépêche rue Emile Augier, un groupe de musicos s'en donne à cœur joie : Baïli, baïla,

lalalala… Ca me saoule, allez 2 euros et je file !

Le bruit des voitures, en arrivant à la place Leclerc m'insupporte : ça vroum, ça gronde, ça tacatacata.

J'ai hâte de rentrer vers mon silence, celui que je revendique pour souffler.

    P

 

 

 

Place Porte neuve

J’entends des claquements et des grésillements de pinceaux qui restaurent et embellissent cette porte qui, de fait, paraît toujours neuve.

Rue Marie

Me viennent des Ave Maria allégrement  fredonnés.

Place de l’université

J’entends des échanges, des discussions, des éclats de voix des étudiants en train de refaire le monde.

Sur la grande rue

Des grands pas claquent sèchement et résonnent sur l’asphalte ; c’est tout droit, on dirait que ça ne va pas finir, jamais.

Rue du théâtre

Les voix de ténors, barytons, m’éclatent les oreilles en prenant de plus en plus d’ampleur et me font activer le pas.

Rue Louis Gallet

La mer amène et remporte les galets ronds sur le sable ; clapotis des vagues avec un fond de « la mer sans arrêt roulait ses galets…  « 

Rue du Ha-Ha

Enfin, ils rient, ils s’esclaffent tous ces hommes qui se retrouvent depuis des années d’éloignement.  

Rue d’Arménie

Régine  chante  « laissez brûler les p’tits papiers, papiers de riz et d’Arménie.. »

Boulevard d’Alsace

Les cigognes lancent leurs cris d’envol, elles claquettent et disparaissent.

Boulevard Maurice Clerc

Comme Maurice ne m’évoque rien, j’entends Julien Clerc (« c’était un échassier bizarre, il ne sort pas de ma mémoire, sur une jambe et jusqu’au soir il glissait là sur son miroir »)

Boulevard Désiré Bancel

Le calme revient, il n’y a plus que le bruissement des feuilles de platane qui se baladent poussées par le vent d’hiver et tourbillonnent autour des lampadaires.

Place porte neuve

Le tour est bouclé, la porte est fermée.

     MH

Devant le musée– entendu un chant de martinets, des jeunes gens sortent du musée, rient et parlent:

–Les galets, l'architecture moderne, la vue sur le Rhône… Étonnant…

–Moi ce que j'ai préféré c'est…

Un chant liturgique venant de la cathédrale.

Place des Ormeaux- Un jeune en skate board arrive en trombe, freine à grand bruit

Rue de l'Université- entendu: "Il est bon le pain ici."

Place du palais– une femme, la quarantaine, très chic, renifle dans un mouchoir.

Au 15 rue du jeu de Paume –un volet claque et reclaque. Au même endroit, un téléphone sonne avec insistance.

Quelques mètres plus loin, un enfant de trois ans environ, bute sur un pavé disjoint, tombe et hurle.

À l'angle de la rue du jeu de Paume et de la rue Madier Montjau, entendu :

–Qu'est-ce qu'on mange ce soir

Rue Madier Montjau- entendu:

–Tu as encore oublié ta canne ?

–Je m'en passe.

–Mais non, tu vois bien que…

Quelques mètres plus loin –des pas, quelqu'un court sur le pavé. La jeune femme maugrée :

–Le parcmètre va être dépassé, je vais encore prendre un PV!

Rue du Théâtre, entendu:

–Elle me saoule à me répéter toujours la même chose…

Plus loin, toujours rue du Théâtre –deux chiens jouent et aboient joyeusement, bousculant une vieille dame qui dit :

–Vous pouvez pas le tenir, votre cabot !

La mairie sonne 18h30

Grand rue– entendu un raclement prolongé sur le sol. C'est le coiffeur qui sort sa poubelle.

Place Bonaparte– le son cristallin de La Fontaine

Place des Clercs– le bec des pigeons sur les graines de maïs qu'une vieille dame nourrit

Place des Clercs toujours

– Cette pharmacie, j'y mets plus les pieds ! Ils sont vraiment vraiment pas aimables ! Ils pouvaient bien me le donner sans ordonnance !

                               H

 

 

 

Visitons de nuit la piscine Jean Bouin désaffectée. Qu'y découvrons nous?

10 photos comme des flashs

 

 

   

 

 

 

 

Il est minuit, l'heure du crime... Joyce me tient le grillage soulevé pour que je puisse me faufiler et ensuite c'est à mon tour..Nous voilà dans les lieux...Bizarre de se retrouver la nuit dans un endroit que l'on a fréquenté qu'en plein jour et même en plein soleil...

     La porte d'entrée qui a perdu ses carreaux mais gardé ses barreaux.

     Elle s'ouvre en grinçant sur le hall d'accueil aux pavés explosés.

     Accueil qui n'a gardé qu'une planche horizontale recouverte de poussière.

     A droite, un couloir immense, désert, plein de formes bizarres créées par nos lampes.

     Des portes, encore des portes...ouvertes ou fermées.

     Nous entrons dans une cabine, aux mosaïques décollées, c'est triste.

     En ressortant je trébuche sur un objet : un vieux cintre de piscine avec le porte-manteau et le casier à chaussures en bas.

     Un air frais tout à coup: les bassins vides, fissurés, délavés.

     Une terrasse où restent quelques chaises et une table rouillée...C'était le restaurant!!

     Une vue d'ensemble : la désolation devant cet abandon, ce silence...

Qu'es-tu devenue?

 

     Nous quittons rapidement les lieux pour fuir cette tristesse. Mais peu à peu des souvenirs reviennent :

soleil, cris d'enfants, pelouse, repas sur la terrasse avec les amis.....

C'était chouette!!!

 

                                                                   MARIE

 

                                              

 

      Un intervalle dans la palissade en tôle. Nous nous y mettons tous les deux pour l'écarter un peu plus et nous y glisser.

      Une fois dans le périmètre de la piscine, nous trouvons une vitre cassée qui nous permet de pénétrer à l'intérieur.

1- Le hall d'entrée. A notre droite le guichet. La vitre à guillotine est intacte.

En face une structure en bois et vitraux où une porte est ménagée.

2-De l'autre côté de cette porte, un couloir carrelé au sol, et au mur de la mosaïque art-déco.

3-Une première porte dans ce couloir. Elle est ouverte et donne sur une cabine où est encore là une baignoire qui commence à rouiller.

4-Après une enfilade de cabines, vision vertigineuse sur la salle du premier bassin, qui s'ouvre, béant, bleu pâle et craquelé.

5- Nous distinguons les marches qui permettaient de se glisser dans l'eau progressivement. Nous contournons ce bassin, pas tranquilles, avec la peur d'y tomber.

6-Sur le côté, une galerie, séparée du bassin par des piliers. Et le long de cette galerie, des niches creusées dans le mur, où des sièges en céramique jaunies et ébréchées, nous invitent encore à s'asseoir.

7-Au détour de cette galerie, un autre bassin, plus petit, moins impressionnant, au fond duquel stagne une eau glauque.

8- Arrivée ensuite dans un corridor, au mur duquel sont accrochés de vieux casiers en bois sombre à plaques cuivrées. On dirait des boîtes aux lettres.

9- Nous revoilà dans le hall, tout surpris. Nous n'y avions pas repéré les bancs en mosaïque et les colonnes sur lesquelles les statues ont disparu.

10- Dehors nous jetons un dernier coup d’œil à la façade. Le nom de la piscine s'affiche en mosaïque lui aussi et brille encore d'un certain éclat malgré le crépi décrépi et la grisaille des murs.

 

                                                         Y

 

1) Entrée avec porte qui claque, vitres cassées, la peinture écaillée,

difficile de deviner la couleur la nuit. Panneau « piscine » légèrement penché.

2) Long couloir sombre, quelques portes de cabines ouvertes, la lueur de la lune passe à travers une

lucarne et éclaire la cabine N°7.

3) Photo des douches : Grâce à la lune, les carreaux blanc brillent, les boutons de douches

scintillent, les murs contrastent avec le sol en carreaux plus foncés.

4) Vision de la barrière qui devance la vue du bassin, à droite, pédiluve vide d'eau mais rempli de

lumière.

5) Devant le bassin sans eau, la lune éclaire le plongeoir à plusieurs niveaux. Les margelles laissent

la place à des touffes d'herbe.

6) Vue sur les gradins, longues lignes à perte de vue moitié blanches, moitié noires, les barrières au dessus

donnent une ombre sur celles-ci.

7) Petit bassin pour les enfants, carré froid, à demi vide, à faible dénivelé bordé par le gazon.

8) Vue du gazon serti de sequoias de belle taille. Leur ombre paraît menaçante, vivante. Ils penchent

vers le carré d'herbe à cause du vent.

9) Vue de la terrasse du bar. Rideau fermé, chaises abandonnées et tables renversées.

10) Vue du plongeoir sur l'ensemble du bassin. La hauteur le rend si petit. La lune le remplit, les

gradins le sertissent et l'enferment.

                                                        P

Comment entrer dans cette ex-piscine, la nuit ? C’est décidé, je vais escalader la grille et me faufiler par-dessus. J’embarque dans l’expédition une amie aussi foldingue et aussi curieuse que moi. Nous avons pratiqué ce sport il y a quelques années, on devrait y arriver ; nous voilà donc parties munies de nos frontales, mais aussi peu rassurées l’une que l’autre,  faut l’avouer.

1er cliché :  La porte grille rouillée

2ème cliché : Le minuscule espace entre deux murs sur lesquels gesticulent moultes araignées, permettant de rejoindre les vestiaires ; ce n’est pas très engageant !

 

3ème cliché :   Les vestiaires avec certaines portes ouvertes, d’autres manquantes, d’autres pendantes, le noir figé à l’intérieur.

 

4ème cliché : L’ex-pédiluve rempli de mousses verdâtres et de lichens noirâtres.

 

5ème cliché :  Les gradins, une partie où il manque des pavés.

 

6ème cliché : Le petit bassin, vide il parait encore plus petit, des empreintes de petits petons mignons sont encore au fond.

 

7ème cliché : L’angle du grand bassin où s’amoncellent des gravillons jaunâtres et ronds.

 

8ème cliché :

La margelle avec son carrelage craquelé jaune et noir écaillé.

 

9ème cliché :

Le plongeoir d’un bleu défraichi par les années.

 

10ème cliché :

Le ciel étoilé avec même une étoile filante qui nous fait signe et nous dit « sortez vite d’ici », « filez vous  aussi » !

                                                                   MH

      Damien avait réussi à faucher à son père, ancien gardien de la piscine de notre enfance, les clés de la dite piscine. Notre fantasme récurrent pouvait enfin être réalisé. La clé grince un peu dans la serrure en tournant mais nous ouvrons la porte sans grande difficulté. Munis d'une lampe torche 36 leds et d'un appareil photo, nous voilà dans le hall d'entrée de la piscine

1 –Long couloir recouvert de petits carreaux beige fade, murs décrépis et moisis vert amande, dégageant une odeur de cave humide

2- Panneaux ovales, rongés par la rouille. Ecriture en noir sur fond blanc. Sur le premier "HOMMES", sur le deuxième "FEMMES ENFANTS"

3- Vestiaires des hommes. Certaines portes ont disparu. D'autres, rongées par les termites ne sont plus que dentelle de bois hirsute

4- Sol des vestiaires– de grands carreaux bleus et blancs en assez bon état malgré l'humidité bien perceptible

5- Grosses pommes de douche fixes toutes soviétiques, ayant bien résistées au temps, malgré tout

6- Grand lavabo collectif rectangulaire, émail écaillé blanc

7- Pédiluve recouvert d'une fine mousse verdâtre

8- Enorme pendule accrochée à l'entrée du bassin à 3 m de hauteur environ. Ronde. Cerclage en alu tout piqueté. Fond blanc cassé. Arrêtée sur 6h20

9- Bouche d'aération rectangulaire, recouverte de toiles d'araignées et de trois araignées vivantes

10- Une dizaine de gradins qui ont dû être bleu ciel. Certains en partie écoulés. Des morceaux de béton jonchent le sol

H


        C'est un ami friand de situations insolites qui m'entraîna ce soir-là dans ce lieu délabré où jadis j'aimais emmener mon fils se baigner.
        L'endroit était bien entendu interdit au public, et c'est par une brèche qu'il avait découverte en furetant dans la journée, que nous pûmes pénétrer.
        Avec le faisceau de nos lampes, le site prenait des allures fantastiques. Je dirigeai ma lampe vers ce qui avait servi de cabines.

1) Sur le sol d'un d'entre elles, un maillot d'enfant bleu délavé, usé par les intempéries trône parmi des feuilles mortes apportées par le vent.

2) Plus loin dans le grand bassin, une nappe d'eau résistante, ou tout simplement prisonnière du temps, se débat dans des amas de mousse et d'insectes plus morts que vivants.

3) La pelouse où j'aimais m'allonger avec un bon bouquin ressemble à présent à une décharge publique. Plus aucune verdure !

4) Au fond, des squatteurs ont marqué leur passage en vidant sans scrupules des canettes, bouteilles, et papiers sales.

5) Je me retourne vers le guichet d'entrée où l'on prenait nos tickets. Le coin juste derrière ressemble à une niche qui doit servir à des « rescapés » de la nuit....une chaise cassée, un vieux réchaud, une couverture mitée... Heureusement, ce soir, nous sommes seuls ! Cet endroit me donne froid dans le dos.

6) Les dalles évidemment n'ont pas été épargnées par le temps, une mousse visqueuse les recouvre, ni par les passages successifs de visiteurs irrespectueux délaissant derrière eux mégots, boîtes de conserve, emballages divers....

Nassera

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